Laurent Schlumberger dans son ouverture au colloque faisait de la vie communautaire un laboratoire pour l’Église et pour le monde :
«Un laboratoire pour l’Église. Les
communautés monastiques sont des paraboles d'amour fraternel données à
l’Église. (...) les communautés monastiques sont offertes aux chrétiens et aux
communautés paroissiales comme une sorte d'appel, longtemps inouï et soudain
d'une justesse qui touche au cœur. Un appel qui signifie en somme : et toi,
avec celles et ceux qui te sont donnés, là où tu es, comment laisses-tu
l’Évangile de l'amour de Dieu saisir toute ta vie ? Les communautés de vie
monastique sont sans doute aussi un laboratoire pour le monde. Car elles
labourent et explorent des formes de socialisation, de solidarité et
d'institution dans un monde qui ne sait plus très bien comment conjuguer la
transmission et l'autonomie, l'institution et l'émancipation » (p. 11)
Je trouve cette image du
laboratoire pertinente en ce qu'elle met en place une notion d'expérience ;
elle me gênerait si elle conduisait à une vision de confinement, de mise à
part, ou de « clôture » qui, si elle peut exister dans certaines expériences communautaires,
n'est pas présente à Caulmont. Faire communauté n'est pas une volonté de mise à
l'écart mais bien vivre dans un lieu d'expériences. Ce lieu d'expérience ne
vient pas en concurrence avec les Église locales mais en différence. Dans ce livre, résonne particulièrement la contribution d'Olivier Abel
qui fait du monastère « un lieu d'invention du monde » :
« Il s'agit de refaire un monde,
un monde véritable, en marge du monde des mondanités, des empires des richesse, des vanités. Il s'agit de refaire un théâtre de la gloire
de Dieu, un micro-
monde alternatif mais où Dieu puisse habiter » (p. 172)
Cette démarche est aujourd'hui
pertinente pour l’Église et elle l'est aussi pour le monde : y compris dans le champ
laïc – la création de lieu d'habitats collectifs - communautés de vie et de production
en commun - est en renouveau, sur un mode différent de celui de la fin des années 60 pour
envisager de « vivre autrement » avec des solutions qui ne sont pas celles d'un
« développement durable » offert par le capitalisme, mais celles d'une «
décroissance pour vivre mieux ».
Cette pertinence s'inscrit de manière particulière à Caulmont :
Par son style liturgique, par son
fonctionnement, Caulmont propose de concilier l'appartenance communautaire
à une très grande liberté.
Par cette liberté,
Caulmont comme lieu d'accueil a je crois aujourd'hui une pertinence très forte :
– « Ni église locale, ni paroisse
» : la communauté permet de vivre le lien ecclésial d'une manière peut-être plus ouverte et donc plus féconde aujourd'hui que les formes
traditionnelles de fréquentation d'église : nos
contemporains ont besoin de ce genre de lieu comme porte ouverte sur l'église –
c'est clairement un lieu d’Églises au pluriel
– Par son
ouverture œcuménique : Caulmont est un lieu offrant la possibilité d'une
foi chrétienne ouverte sans étiquette. Lieu
d’Églises : Caulmont répond ainsi à un besoin de nos Églises à trouver ce genre de lieu de rencontre.
– Un lieu de résistance : La vie communautaire est, de fait, un acte de résistance à notre monde aux individualités exacerbées, et
notre monde a besoin de ce genre de lieux de respiration, deslieux témoins qu'une autre vie est possible.
Pour aller plus loin - la vidéo de présentation du colloque :
Pour aller plus loin - la vidéo de présentation du colloque :
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