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vendredi 7 avril 2017

Crise écologique et sauvegarde de la création

Le titre de ce post est le titre d'un livre paru au début de cette année 2017 aux éditions Première Partie. Il s'agit de livrer une approche protestante sur la question de cette crise écologique. 
Dès la préface d'Olivier Abel le constat est posé : 
"L'épuisement planétaire des ressources, les déséquilibres climatiques déterminent des accidents et des catastrophes mais exacerbent aussi des injustices génératrices d'envies, de guerres, de famines. Le combat contre les maux naturels ne doit pas faire négliger celui contre les injustices sociales, et réciproquement : nous ne devons lâcher aucun de ses bouts. La tâche est immense, multiforme, délicate et urgente."  (p. 15)
A partir de là il s'agit de penser le monde comme création - sans verser dans le créationisme - merci à l'introduction de Robin Sautter de le rappeler, mais en témoignant d'une espérance. Une espérance biblique, le texte biblique est ici travaillé à la fois par Jean-Philippe Barde sur l'axe de la création (chap/ 1) et par Otto Schaeffer sur celui de l'eschatologie : de l'espérance exigeante pour le croyant dans son rapport au monde (chap. 2). Les propos de Calvin sur la nature sont alors rapportés dans une perspective joyeuse (chap. 3). L'austère genevois passant presque pour un hédoniste décroissant sous le plume de Stéphane Lavignote : 
"Calvin hier, comme les partisans de la décroissance aujourd'hui, est accusé de vouloir brider le bonheur, de vouloir construire une société d'ascète. ce serait mal lire Calvin - mais aussi les partisans de la décroissance - qui dénoncent autant les ascètes que les athlètes, ceux qui se perdent dans les biens de ce monde comme ceux qui s'en privent. Il faut sans doute reprendre chez Calvin des choses simples - regarder les choses comme image du créateur, réfléchir à nos actes en fonction de notre vocation, gérer le monde et non le dominer, rendre compte de nos actes, gérer pour la charité, limiter les inégalités de richesse..  - mais relire aussi ce qu'on s'attend le moins à y trouver : l'appel au plaisir. L'appel à la simplicité du plaisir de regarder la nature, de profiter de ses goûts et ses odeurs, l'émerveillement devant les résultats de l'activité solaire... "(p.89)
Calvin hier, Jacques Ellul plus proche de nous, lu par Frédéric Rognon (chap. 4) sortent le protestantisme d'une vision simpliste comme origine du capitalisme et idéologie religieuse du succès favorable à un développement technologique a tout va. Car avec la question de l'écologie c'est bien la question d'une économie - loi de la maison - qui permette la survie de tous qui est posée. "Le défi écologique nous met en demeure de réinventer la notion même d'économie" (p.132) conclue Arnaud Berthoud (chap. 5). Finalement (chap. 6) Jérome Cotin pose la question de la place de la nature dans l'expression liturgique.  

Résumer un livre de plus de 150 pages en un post de blog est un peu "mission impossible"... Mais j'espère vous avoir donné envie d'ouvrir ce livre. Vous pouvez vous le procurer en cliquant ici

vendredi 17 février 2017

L'oecuménisme est-il mort ?

Conférence débat organisée par Etudes et Réforme, au temple de l'Etoile 
L'oecuménisme est-il mort ? 
Avec Enzo Bianchi, fondateur et prieur de la communauté de Bose
et Laurent Schlumberger, pasteur et président du conseil national de l'EPUdF 



vendredi 10 février 2017

Un ouvrage fondamental

Dans la série des livres à lire !

Les éditions écosociété du Canada ont publié à la fin de l'année 2016 un ouvrage pour moi fondamental :
Permaculture humaine - des clés pour vivre la transition.
Un livre de Bernard Alonso et Cécile Guiochon (25 €)
Cet ouvrage, je pense, va faire référence en matière de permaculture. On peut rapidement rappeler que la permaculture ce n'est pas seulement une technique de "culture" - il ne s'agit pas là d'agriculture, du moins pas que d'agriculture. La permaculture est une approche systémique large qui veut poser une question large : quelle place avons-nous au sein du vivant ? Cette question ce livre y répond en termes d'écosystème, de sagesse, d'agriculture, de culture, et même de théologie par exemple citant au passage Teilhard de Chardin. Ainsi a définition donnée est très large :
"La permaculture est une invitation - parmi d'autres - lancée à l'homme moderne pour l'aider à retrouver la sagesse" (p. 24)
Cette sagesse fait le lien entre trois piliers : "Prendre soin de la terre", "prendre soin de l'humain", et "produire, partager, essaimer"... Nous avons là les clés d'une lecture du monde, de l'humain, de l'éthique et peut-être même de Dieu.

on trouve ce livre sur http://www.lalibrairie.com/ 

lundi 6 février 2017

Un grand petit livre... à lire....

Dans la collection "les précurseurs de la décroissance" aux éditions du passager clandestin, en 2013 est paru un livre de Frédéric Rognon intitulé "Lanza del Vasto ou l'expérimentation communautaire". Dans ce "petit" livre, on retrouve quelques textes de Lanza del Vasto fondateur de la communauté de l'Arche, et une très bonne synthèse de Frédéric Rognon sur l'apport de Lanza del Vasto au mouvement de la décroissance. J'en partage deux citations qui me parlent et font écho. La première dans l'introduction  :
"Montrer qu'il est possible de vivre ainsi, en frères et soeurs, en simplifiant son existence quotidienne, en révisant ses besoins pour les réduire à l'essentiel, en partageant les ressources, en travaillant de ses mains, en veillant à ne peser ni sur la planète ni sur autrui, en redécouvrant la vie spirituelle et le sens de la fête, et que cela n'est ni difficile ni pénible, tel est l'apport fondamental de Lanza del Vasto..." (p.10)
 Et la deuxième plus loin dans le texte de Frédéric Rognon quand il analyse la critique de la socété technicienne opérée par del Vasto, il écrit : :
"La critique vastienne de la croissance est foncièrement religieuse : le déferlement technique est l'effet du péché originle, que Lanza del Vasto identifie à l'esprit de profit et de domination. C'est pourquoi tout son enseignement est à ce point focalisé sur la nécessité et l'urgence d'une conversion personnelle, qui se prolonge par un travail spirituel permanent sur soi-même et sur sa vie intérieure. Aucune issue n'est concevable à ses yeux sans ce retour à l'intériorité" (p. 52)
 Deux citations qui, pour moi, résonnent dans la vie communautaire recherchée à Caulmont, à travers l'accueil et la prière.

dimanche 25 décembre 2016

Irruption de tendresse



Un jour, Dieu a fait irruption dans le monde
de la manière la plus naturelle,
la plus humaine,
la plus commune qui soit :
en sortant du ventre d'une femme,
en naissant dans une famille humaine.

Ainsi Dieu a fait irruption dans le monde
mais pas comme un Rambo
au milieu de ses ennemis,
ni comme une tornade
qui emporte tout,
ni même comme une prophète
qui condamne tout.

Dieu a fait irruption dans le monde
comme un enfant
dont la venue est une tendresse qui s'offre
et une attente de tendresse.

Dieu a fait irruption dans le monde 
comme un homme
venu rejoindre d'autres hommes
sur leur chemin,
pour continuer la route avec eux
et la prolonger bien plus loin
que les limites prévues.

Dieu a fait irruption dans nos vies 
comme un Ami peut le faire
quand il nous déclare une amitié
que nous ne soupçonnions pas,
quand il fait les premiers pas
vers nos cœurs blessés et méfiants.

Dieu a fait irruption dans nos vies 
comme un assoiffé d'amitié
assoiffé d'en donner,
assoiffé d'en recevoir,
comme celui qui cherche des cœurs ouverts qui lui parleront,
comme celui qui cherche des compagnons sur qui s'appuyer,
comme celui qui cherche des compagnons qui lui accorderont leur confiance.

Dieu a fait irruption dans nos vies
comme celui qui dilate les coeurs,
qui fait naitre le vrai sourire,
qui éclaire le regard,
en chassant les vieilles peurs
et les veilles amertumes,
chez ceux qui reconnaissent la place qu'ils ont dans sa vie,
et qui laissent prendre sa place dans la leur.

C'est pourquoi on l'appelle le Sauveur.

vendredi 2 décembre 2016

Sens de l'avent

Nous voici donc en avent : "déjà !" diront certain, ceux qui ne voient pas le temps passer, ceux qui ne comptent plus les jours ajoutés aux jours. "Enfin !" diront d’autres, heureux de voir se terminer cette année 2016, enfin ! Que ce soit un "déjà" ou un "enfin", l’avent est, déjà ou enfin, ce temps qui s’ouvre vers Noël.

Suzanne de Dietrich, théologienne "laïque", c'est-à-dire jamais "ordonnée", est une femme  qui a marqué les églises tant protestantes que catholiques dans les années 60 à 70. Elle évoquait ainsi les débuts de l’évangile :  
« L’ère qui s’ouvre est celle du règne de Dieu. C’est le Roi en personne qui vient vers les siens pour accomplir leur libération.
Le prince étranger auquel Jésus vient arracher son peuple n’est plus un Pharaon ou un Nébuchadnetzar, mais bien le « Prince de ce monde » dont les Pharaons et les Nébuchadnetzar n’étaient que les éphémères figurants sur la scène de l’histoire.
Le joug dont Jésus va le délivrer est celui du péché ; l’exil dont il va le délivrer est la grande fuite loin de la face de Dieu. Il est l’Emmanuel : Dieu avec nous ».

C’est ça l’avent ! Se préparer à faire face à l’Emmanuel, faire face à Dieu, entendre la prédication du règne de Dieu, de la libération du péché. Etre arraché de la mort pour être vivant... 

...rien de moins ! 
Le programme est considérable, il est peut-être "déjà, ou "enfin", temps de s'y mettre !

lundi 14 novembre 2016

Accueillir

Accueillir est un signe de véritable maturité humaine et chrétienne.

Ce n'est pas seulement ouvrir sa porte et sa maison à quelqu'un. C'est lui donne de l'espace dans son coeur, pour qu'il puisse exister et grandi ; un espace où il se sait accepté comme il est, avec ses blessures et ses dons.

Cela suppose qu'il existe dans notre cœur un lieu silencieux et paisible où les autres peuvent trouver le repos. Si le cœur n'est pas paisible, il ne peut accueillir.


Accueillir, c'est être ouvert à la réalité telle qu'elle est, en la filtrant le moins possible...


Jean Vanier,
texte paru dans le n°184 - octobre 2016 de Nouvelles

vendredi 4 novembre 2016

L'Eglise émergente

Qu'est-ce que l'Eglise émergente ? Réponse simple : C'est une manière de faire église en Post-chrétienté... 
Dire cela,, ça appelle quelques explications : D'abord, je crois, c'est réaliser que nous avons changé d'époque - nous ne sommes plus en régime de "chrétienté" ; on peut choisir comme symptômes les théories du soupçon, le recul de la fréquentation des églises traditionnelles, en France : la loi de Laïcité, crise des institutions et de l'autorité, etc. Ces éléments viennent tous dire que l'on ne peut plus "faire église" aujourd'hui comme on pouvait imaginer le faire au XIXeme siècle. Donc, l'expression Post-chrétienté vient prendre acte du processus de sécularisation et de l'évolution de notre société.
L'expression "Eglise émergente" paraît en anglais dans les années 70 pour essayer de définir une autre forme d'église pour une époque nouvelle, mais cette expression connaîtra son développement à la fin du XXe siècle dans une théorie de l'émergence : continuation d'une histoire en encourageant quelque chose de neuf. Il faut alors souligner l'usage du mot clef : "ET", les oppositions traditionnelles sont effacées et l'émergence est souvent un passage de frontière : protestants et catholiques, clerc et laïcs, activités sociale et piété personnelle... l'émergence tend à penser ensemble ce que la tradition chrétienne pensait jusque là de manière distinct. 
Je ne dis là que quelques mots d'introduction au sujet - je ne peux qu'inviter à lire le livre du théologien Adventiste Gabriel Monet : L'Eglise émergente - être et faire église en postmodernité. 
Je partage cette lecture, car je crois que cette façon de penser l'église, de faire de l'ecclésiologie (pour utiliser le gros mot) me semble tout à fait pertinente pour réfléchir à ce qu'est Caulmont. Il y a d'abord une époque commune, Caulmont nait dans les années 1970 au même moment où l'émergence commence a être pensée ; mais surtout il y a cette inscription dans le mouvement communautaire, le mouvement monastique, Caulmont continue une histoire séculaire tout en proposant quelque chose de neuf : un espace pour les familles ; enfin il y a ce "ET" que l'on retrouve à Caulmont : l'accueil "ET" la prière. Deux mots clefs qui sont tenus ensemble et qui s'éclairent l'un l'autre...
Cette réflexion est ouverte : je n'affirmerai pas brutalement que Caulmont est un lieu de l'Eglise émergente, mais je crois que la manière de vivre la foi chrétienne de manière ouverte et oecuménique (catholiques "ET" protestants) peut participer de cet élan à faire église pour aujourd'hui. Mais ce ne sont là que des sillons à poursuivre...


lundi 31 octobre 2016

Pour la toussaint et son lendemain

Depuis que je suis né et même depuis que j'ai commencé de ressusciter, je suis comme la chenille. Je rampe et je me traîne. J'avance, toujours plus lourd et toujours semblable. Mais une vie pousse en moi, une vie me pousse.

De mue en mue, de déchirure en déchirure, de crise en crise, je vais vers une vie dont je n'ai pas idée. Il me faudra encore perdre ma force et mon éclat, devenir chrysalide sans forme, enfermée dans mon cercueil.

Mais même là, dans ce sommeil, une vie continuera de pousser en moi, une vie qui fera éclater le tombeau et m'en fera sortir papillon, dans tout l'éclat qui m'est promis par Dieu, dans toute la légèreté et toute la liberté aujourd'hui comprimée dans mon corps de chenille.

De mue en mue, de déchirure en déchirure, de crise en crise, de dépouillement en dépouillement, elle est longue et elle est dure notre résurrection. Mais elle a commencé. Et l'Esprit du ressuscité est cette vie qui pousse en nous et qui nous pousse. Il est cette promesse et cette force au sein même du tombeau.

En cours de résurrection, Alain Arnoux, in Nouvelles n° 162 - Mars 2011

vendredi 21 octobre 2016

une raison d'être...




Être un bethléem
Maison de partage
De l'amour et du pain

Être un shalom
Maison de paix
De silence et d'écoute

Être un lieu
De libération,
De service, d'engagements


lundi 10 octobre 2016

2 livres pour s'inspirer à "vivre autrement "

VIVRE AUTREMENT, 
écovillages, commuanutés et cohabitats
Par Diane Leafe Christian
Ce livre est très "nord américain", pourtant il aborde le vivre ensemble comme possibilité de vivre autrement de manière très concrète dans le co-habitat. S'il n'échappe pas à une certaine idéologie de la "réussite de projet" qui peut sembler très marketing, il permet de se poser de bonnes questions. Par exemple, le chap. 6 sur Pouvoir, gouvernance et prise de décision est une très bonne mise au point sur la notion de consentement et de gouvernement par consensus, avec leurs écueils et leurs possibilités. 

MANUEL DE TRANSITION, 
de la dépendance au pétrole à la résilience locale 
Par Rob Hopkins
Un ouvrage d'analyse et de propositions autour de la fin du pétrole et l'épuisement des énergies fossiles. Cette fin annoncée ne peut que susciter peur et crise, et malgré ce nous ne pouvons que pointer l'inaction des gouvernements nationaux (et supranationaux). Ce livre ouvre alors la possibilité d'actions citoyennes et locales pour une transition la plus apaisée possible et avoir une vision positive du changement. Ce livre fait le lien entre de grandes idées, des initiatives locales (un chapitre sur le Canada, un sur la France), et des fiches outils


Clin d'oeil : demain il nous restera 200 jours avant d'être aux Sapins...

vendredi 7 octobre 2016

Formation par le MOOC des Colibris

Durant le 1er trimestre 2016 j'ai suivi le MOOC des Colibris - formation à distance via le WEB de ce mouvement initié par Pierre Rahbi. 

Les 4 objectifs du Mooc étaient définis ainsi par les organisateurs
  • Donner une culture générale large sur les oasis en France et sur la gestion d'un projet (méthodologies, points de vigilance, outils...)
  • Aborder toutes les notions utiles à la conception technique d'une oasis (juridique, gouvernance...)
  • Réaliser un cahier des charges de son projet, en définissant les grandes lignes de son projet d'un point de vue financier, juridique, organisationnel...
  • Initier un grand réseau de personnes motivées par le sujet qui pourra accompagner chacun dans la concrétisation de son projet
Pour ma part il s'est agit de recevoir et réentendre parfois nombre de conseils utiles sur la cohabitation et l'habitat collectif, les règles de vivre ensemble, et l'aspect communautaire a-religieux véhiculé par le mouvement "des oasis en tout lieux". Comment bâtir ensemble un projet, être fidèles à la même raison d'être, savoir coopérer, etc. Certains modules étaient assez pointus - par exemple sur la gouvernance : avec le cas de la sociocratie comme modèle de gouvernance d'un collectif sur les principes d'équivalences et de consensus. Ici chaque mot est un mot clef. D'autres modules ouvraient des portes variées comme celle de la communication non violente ou celle de la permaculture. 

Ces quelques semaines de formation à distance ont été un tour d'horizon très large sur un vivre ensemble respectueux des personnes et de la terre. 

https://www.colibris-lemouvement.org/oasis/creer-son-oasis/mooc-creer-son-oasis
Faut-il le préciser ? Il ne s'agit pas pour nous de faire de Caulmont une oasis dans le mouvement des Colibris. En tant que communauté œcuménique l'indépendance est essentielle mais être un lieu ouvert à tous. Mais il s'agit bien de prendre en compte à Caulmont du frémissement actuel de divers modèles de cohabitation et d'un attrait pour le communautaire - ce MOOC a vu l'inscription de 27.000 participants ! 




vendredi 23 septembre 2016

Temps pour la création - V

Pourquoi les églises devraient avoir le souci de l'écologie ? 
Pour dénoncer l'aliénation de l'homme et de la création dans un système idolâtrique - quand ceux qui possèdent se prennent pour Dieu ? C'est la réponse que je lis à travers ces quelques pages extraites de "la terre comme soi-même" de Michel Maxime Egger :

L'émergence du capitalisme correspond, historiquement, à la bifurcation paradigmatique de l'Occident. L'ordre marchand apparaît à la fin du Moyen-Âge. Il est poté par la bourgeoisie naissante et favorisé par la Réforme qui brise l'interdit biblique du prêt à intérêt, ouvrant la voie à l'argent produisant de l'argent par lui-même et sans contrepartie matérielle. L'idée que l'être humain est "séparé" de la nature, qu'il en est le maître par sa raison et sa technique et qu'il peut en user comme bon lui semble, va fournir le terreau du développement économique. Qu'est-ce que le développement, en effet, sinon "un ensemble de pratiques parfois contradictoires en apparence qui, pour assurer la reproduction sociale, obligent à tansformer et à détruire, de façon généralisée, le milieu naturel et les rapports sociaux en vue d'une production croissante de marchandises destinées, à travers l'échange, à la demande solvable" (G. Rist, le développement, Histoire d'une croyance occidentale, p. 26-36). Jusqu'il y a peu, l'humanité à considéré ce "milieu naturel" comme infini. D'où le mythe du progrès (continu) et de la croissance (illimitée), avec tout ce qui en découle pour la nature en termes d'exploitation de ressources, de pollution et de production de déchets. 

Dans une perspective écospirituelle, le capitalisme est beaucoup plus que ce que les études historiques et socioéconomiques en disent. Celles-ci montrent davantage ce que le système fait et ses effets, que ce qu'il est. Or, comme l'avait bien compris le philosophe Max Weber, le capitalisme n'est pas seulement un système de production et de distribution de richesses. Il est aussi une forme d'esprit, un imaginaire, un mode d'organisation sociale de l'existence individuelle fondée sur une vision du monde, de l'être humain et du temps ainsi que sur un ensemble de valeurs et "d'axiomes culturels" : croissance, travail, efficacité, concurrence, innovation, propriété, consommation. Sa logique profonde, qui atteint d'une certaine manière son point culminant avec la mondialisation, est la réification de tout ce qu'il touche, c'est à dire la transformation progressive en "chose" et en "marchandise", en "objet" mesurable, consommable, privatisable, commercialisable et manipulable, grâce à des techniques de plus en plus sophistiquées. Avec une priorité : la valorisation du capital. 

Considérée comme un objet d'observation, disséquée comme un cadavre, mise en équation selon un ensemble de lois physiques et de mécanismes biologiques, la nature a été rendue intégrable à la logique utilitariste de l'économie. Privée de tout mystère, vidée de toute intériorité et présence divine, n'ayant plus que sa matérialité à offrir, elle a été perçue comme un environnement et un capital. Un stock de ressources, un paquet de gènes et un décor à disposition de l'humanité qui peut l'exploiter, la transformer et se l'approprier. Pour la satisfaction de ses besoins et envies, exacerbés par la course effrénée au profit et à la consommation. Comme l'écrivait prophétiquement l'économiste John Maynard Keynes, "la même règle autodestructrice du calcul financier régit tous les aspects de l'existence. Nous détruisons la beauté des campagnes parce que les splendeurs de la nature, n'étant propriété de personne, n'ont aucune valeur économique. Nous serions capables d'éteindre le soleil et les étoiles parce qu'ils ne rapportent aucun dividende". 

De fait, rien aujourd'hui n'échappe à l'emprise du capitalisme. Ni les éléments du vivant comme la terre, l'eau, l'air (le CO2)et les gènes, ni les biens et les services publics comme la santé et l'éducation. Nous ne sommes plus seulement dans une économie de marché, mais dans une société de marché. Le philosophe et psychanalyste catholique Maurice Bellet a appelé "écorègne" ce modèle de développement en voie d'expansion planétaire. Un "règne" où l'économie devient une fin en soi, la "fonction majeure" de la société qui soumet toutes les activités humaines à sa soi-disant rationalité, à ses critères et à ses principes proprement "délirants". Principe technologique : "Tout ce qui est possible, nous le ferons". Principe économique : "Tout ce qui nous fait envie, nous l'acquerrons". A quoi on pourrait ajouter un principe financier : "Tous les profits potentiels, nous les réaliserons". Productivité, rentabilité, compétitivité sont aujourd'hui les nouvelles tables de la loi". 

MM Egger, La terre comme soi-même, Labor & Fidès, p. 62-64

vendredi 12 août 2016

De la pertinence de la vie communautaire...

Par ce titre je voudrai faire mention d'un livre : Protestantisme et vie monastique : vers une nouvelle rencontre - Coordonné par Soeur Evangéline, et édité chez Olivetan. Il s'agit des actes d'un colloque qui s'est tenu à Paris les 4 et 5 juillet 2015 à Paris.

Laurent Schlumberger dans son ouverture au colloque faisait de  la vie communautaire un laboratoire pour l’Église et pour le monde :
«Un laboratoire pour l’Église. Les communautés monastiques sont des paraboles d'amour fraternel données à l’Église. (...) les communautés monastiques sont offertes aux chrétiens et aux communautés paroissiales comme une sorte d'appel, longtemps inouï et soudain d'une justesse qui touche au cœur. Un appel qui signifie en somme : et toi, avec celles et ceux qui te sont donnés, là où tu es, comment laisses-tu l’Évangile de l'amour de Dieu saisir toute ta vie ? Les communautés de vie monastique sont sans doute aussi un laboratoire pour le monde. Car elles labourent et explorent des formes de socialisation, de solidarité et d'institution dans un monde qui ne sait plus très bien comment conjuguer la transmission et l'autonomie, l'institution et l'émancipation » (p. 11)

Je trouve cette image du laboratoire pertinente en ce qu'elle met en place une notion d'expérience ; elle me gênerait si elle conduisait à une vision de confinement, de mise à part, ou de « clôture » qui, si elle peut exister dans certaines expériences communautaires, n'est pas présente à Caulmont. Faire communauté n'est pas une volonté de mise à l'écart mais bien vivre dans un lieu d'expériences. Ce lieu d'expérience ne vient pas en concurrence avec les Église locales mais en différence. Dans ce livre, résonne particulièrement la contribution d'Olivier Abel qui fait du monastère « un lieu d'invention du monde » :
« Il s'agit de refaire un monde, un monde véritable, en marge du monde des mondanités, des empires des richesse, des vanités. Il s'agit de refaire un théâtre de la gloire de Dieu, un micro- monde alternatif mais où Dieu puisse habiter » (p. 172)

Cette démarche est aujourd'hui pertinente pour l’Église et elle l'est aussi pour le monde : y compris dans le champ laïc – la création de lieu d'habitats collectifs - communautés de vie et de production en commun - est en renouveau, sur un mode différent de celui de la fin des années 60 pour envisager de « vivre autrement » avec des solutions qui ne sont pas celles d'un « développement durable » offert par le capitalisme, mais celles d'une « décroissance pour vivre mieux ».

Cette pertinence s'inscrit de manière particulière à Caulmont :

Par son style liturgique, par son fonctionnement, Caulmont propose de concilier l'appartenance communautaire à une très grande liberté. 


Par cette liberté, Caulmont comme lieu d'accueil a je crois aujourd'hui une pertinence très forte :
     « Ni église locale, ni paroisse » : la communauté permet de vivre le lien ecclésial d'une manière peut-être plus ouverte et donc plus féconde aujourd'hui que les formes traditionnelles de fréquentation d'église : nos contemporains ont besoin de ce genre de lieu comme porte ouverte sur l'église – c'est clairement un lieu d’Églises au pluriel
     Par son ouverture œcuménique : Caulmont est un lieu offrant la possibilité d'une foi   chrétienne ouverte sans étiquette. Lieu d’Églises : Caulmont répond ainsi à un besoin de nos Églises à   trouver ce genre de lieu de rencontre.
     Un lieu de résistance : La vie communautaire est, de fait, un acte de résistance à notre monde aux individualités exacerbées, et notre monde a besoin de ce genre de lieux de respiration, deslieux témoins qu'une autre vie est possible. 



Pour aller plus loin - la vidéo de présentation du colloque :


 

vendredi 5 août 2016

Permaculture - première définition...

La permaculture ; qu'est-ce que c'est ?
Dans une brève introduction Graham Burnett donne cette définition : 
"La permaculture consiste à créer des habitats soutenables pour les humains en suivant les modèles de la nature" (p. 13)
Cette rapide définition, une parmi d'autre recouvre des grands principes : 
"La permaculture est une approche diversifiée et holistique qui a des application dans tous les aspects de la vie. Au coeur de tout projet de design en permaculture se trouve néanmoins un ensemble de valeurs fondamentales que l'on peut résumer ainsi : respect de la terre, souci des gens et partage équitable" (p. 21)
Design, il s'agit de penser l'ensemble des éléments d'un cadre de vie et de leurs occupations en relations les uns avec les autres, en plassant les zones de fortes occupations - au plus près - et celles de moins en moins utilisées de plus en plus éloignée.

Née dans les années 70 en Australie elle a d'abord été appliquée au champ agricole - agriCULTURE PERMAnente - elle est aujourd'hui une manière de penser sa vie et son cadre de vie de manière écologique et durable avec de multiples applications ; au point qu'il y a même des tenants de permaculture spirituelle... mais ce domaine est un peu particulier.


Les deux citations sont tirées de Graham Burnett, La permaculture une brève introduction, Editions Ecosociété, 2013

vendredi 29 juillet 2016

3 livres pour penser ce monde et notre époque

L'AGE DES LIMITES, de Serge Latouche 
Quelles soient géographique ou territoriales, politiques, culturelles, écologiques, économiques, ou intellectuelles et morales, nous sommes conditionnés par nos limites. Il a fallu force d'idéologie pour nous faire croire à un progrès illimité porté et portant une croissance infinie. De cette analyse, Serge Latouche invite à vivre une autolimitation et à porter un idéal de décroissance, et ce en vue de reconstruire un monde commun.

ECOSOCIALISME, l'alternative radicale à la catastrophe écologique capitaliste, de Michaël Löwy
Ce deuxième livre est une des sources citées par Serge Latouche dans l'âge des limites (et dans d'autres de ses livres). Sur 250 pages, les 150 premières posent le concept d'écosocialisme en vis à vis avec le marxisme, en référence à la philosophie politique de Walter Benjamin. Les 100 pages suivantes sont des études de cas aux Etats Unis et au Brésil. Une longue citation des pages 40 et 41  :
"C'est l'ensemble du mode de production et de consommation, construit entièrement autour d'une consommation énergétique toujours croissante, de la voiture individuelle et de nombreux autres produits ménagers énergivores - qui doit être transformé, avec la suppression des rapports de production capitalistes et le commencement d'une transition au socialisme. Il va de soi que chaque transformation du système productif ou des transports - remplacement de la route par le train, par exemple - doit se faire avec la garantie du plein emploi de la force de travail.
Quel sera l'avenir des forces productives dans cette transition vers le socialisme - un processus historique qui ne se compte pas en mois ni en années ? Deux écoles s'affrontent au sein de ce que l'on pourrait appeler la gauche écologique. L'école optimiste, selon laquelle, grâce au progrès technologique et aux énergies douces, le développement des forces productives socialistes pourrait satisfaire "chacun selon ses besoins" (reprenant le schéma de l'expansion illimitée), n'intègre pas les limites naturelles de la planète, et finit par reproduire sous l'étiquette "développement durable", le modèle socialiste ancien. L'école pessimiste, qui part de ces limites naturelles et considère qu'il faut limiter, de façon draconienne, la croissance démographique et le niveau de vie des populations, caresse parfois, le rêve d'une "dictature écologique éclairée" : comme il faudrait réduire de moitié la consommation d'énergie, au prix d'un renoncement à notre mode de vie (maison individuelle, chauffage très confortable, etc.), ces mesures, qui seraient fort impopulaires, ne pourraient être imposées que sans l'assentiment de la société.

Il me semble que ces deux écoles partagent une conception purement quantitative du développement des forces productives. Il y a une troisième position, qui me parait plus appropriée, dont l'hypothèse principale est le changement qualitatif du développement : mettre fin au monstrueux gaspillage des ressources par le capitalisme, fondé sur la production à grande échelle de produits inutiles ou nuisibles, pour orienter la production vers la satisfaction des besoins authentiques, à commencer par ceux qu'on peut désigner comme "bibliques" : l'eau, la nourriture, le vêtement, le logement"

LES CHRÉTIENS DANS LA MOUVANCE ALTERMONDIALISTE, dirigé par Christophe Grannec

 Construit autour de deux chapitres : l'un sur le CCFD et l'autre sur le Secours Catholique, ce livre s'ouvre par un chapitre central sur les liens entre la théologie de la libération et la mouvance altermondialiste et se referme sur un chapitre sur le catholicisme et le rapport au monde avant de poser la question de l'islam dans le mouvement altermondialiste. Ouvrage très catholique donc, et quand il aborde l'Islam fait l'apologie de Tariq Ramadan comme "l'un des rares intellectuels musulmans à tenir un discours altermondialiste et à encourager les musulmans à s'impliquer dans le mouvement" (p. 158). Les "frères musulmans" comme figure altermondialiste on aurait pu rêver mieux. Malgré ce défaut majeur sur l'Islam, ce livre notamment par la contribution de Sylvie Ayer : "des théologies de la libération à la mouvance altermondialiste" est une bonne porte d'accès au questionnement éthique chrétien sur le monde et sur les changements souhaité par les mouvements altermondialistes.

vendredi 15 juillet 2016

Caulmont - le sillon - textes de référence

Pour une présentation de Caulmont le mieux est encore d'aller faire un tour sur le site Internet :

 http://www.caulmont.com/

Autrement, deux textes sont clés pour nous : 

1- L'appel du Sillon : 


Des frères à découvrir,
Une prière simple au quotidien de ta vie,
Une vie ouverte et accueillante,
Un partage dont la source est l’évangile,
Un œcuménisme à défricher ensemble
Un lieu à faire vivre





2- L’appel formulé dans le n°152 de Nouvelles :
Vivre au cœur de l’évangile,
dans la communion fraternelle,
le défi de la prière,
le risque de l'accueil,
le pari de l'unité,
et l'urgence du partage !

lundi 11 juillet 2016

Film : simplicité volontaire et décroissance

Une première vidéo d'une série de 3 disponible sur YouTube sur le sujet "Simplicité volontaire et décroissance". Des éléments de réflexion qui nous parlent pour un changement de vie... 

Enercoop

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Depuis fin août la maison des Sapins est alimentée par une électricité 100 % renouvelable